Après nous le déluge

Publié le par Eveil-de-lhomme

L’objectif de cette présentation est le suivant : à partir des informations succinctes sur les changements intervenant sur l’ensemble de la Terre, je propose de réfléchir aux conséquences sur l’organisation politique, économique et surtout sociale qui est et sera bouleversée, et ce plus précisément sur la question des populations déplacées.

1.1 - Constat de la situation

A - La démographie

Un repère pour nous : en 1723, sont publiées les constitutions d’Anderson. En France fin de la Régence, Louis XV monte sur le trône. Mozart naîtra dans quelques années. La population totale de la terre à cette époque est estimée à 650 millions d’habitants.

Depuis l’an 400, soit en 1 300 ans, la population mondiale estimée est passée de 202 à 650 millions d’habitants.

En 1950 on l’estime à 2,5 milliards

En 2015, à plus de 7 milliards.

En 2100, la prévision médiane estime la population mondiale à environ 11 milliards d’habitants.

B - Le Climat

Les modifications climatiques

L'effet de serre additionnel – les gaz à effet de serre

D'après le 4ème rapport du GIEC, "le réchauffement du climat ne fait aucun doute et est désormais attesté par l'augmentation observée des températures moyennes de l'air et de l'océan, la fonte généralisée de la neige et de la glace et l'augmentation du niveau moyen de la mer".

La température actuelle moyenne de l'hémisphère Nord est la plus élevée depuis 500 ans et probablement depuis plus de 1 300 ans !  Les 10 années les plus froides depuis 1880 se situent toutes avant 1913. Les dix années les plus chaudes jamais enregistrées sont toutes postérieures à 1997.

Tout porte à croire que le climat s'emballe.... Alors qu'il était enregistré un peu moins de 50 évènements significatifs par an sur la période 1970-1985, depuis 1995 on en compte environ 120.

Outre des phénomènes naturels comme les volcans, les activités humaines, principalement par l'exploitation massive de combustibles fossiles et la déforestation, entraînent une augmentation des concentrations atmosphériques en Gaz à Effet de Serre (GES), qui tendent à réchauffer l'atmosphère.

C - La hausse du niveau des océans et l’influence des courants

L'élévation du niveau marin est une des conséquences du réchauffement climatique, via deux processus principaux : la dilatation de l'eau de la mer (puisque les océans se réchauffent), et la fonte des glaces terrestres (à noter que la fonte des glaces de mer, si elle a d’autres conséquences, ne fait pas monter le niveau des océans) .

Au XXe siècle, la mer a monté de 17 cm. Le niveau de la mer pourrait s’élever à minima à 1 m d’ici 2100.

La dynamique des grands courants tourbillonnaires ou pan-océaniques sera également progressivement modifiée, provoquant des changements radicaux dans le climat

1.2  Les perspectives

Si la température moyenne de la terre n'augmente effectivement pas de plus de 2 °C d’ici 2100 (scenario reconnu comme optimiste), à cause de la fonte des glaces et de l’expansion thermique des mers, les océans engloutiraient alors les terres aujourd’hui occupées par environ 70 % de la population humaine, soit un peu moins de 8 milliards personnes concernées.

Sur la base des projections rappelées ci-dessus, un rapport note qu'on peut s'attendre à ce que le changement actuel et futur du climat ait divers impacts sur les systèmes côtiers, incluant une érosion côtière accélérée, une exacerbation de l'occurrence et de l'ampleur des inondations, des invasions marines dues aux tempêtes, l'inhibition de processus de production élémentaires, des changements dans les caractéristiques et dans la qualité de l'eau de surface et des eaux souterraines, davantage de pertes de propriétés et d'habitats littoraux, des pertes de ressources et de valeurs culturelles et sociales, déclin de la qualité du sol et de l'eau, pertes économiques et liées et les services de transports. Des pertes potentielles de vie font partie des impacts cités par le GIEC.

La biodiversité et biomasse de la zone où elle est la plus riche pourraient être affectées si l'eau monte trop rapidement.

Les conséquences de l'élévation du niveau de la mer sont nombreuses sur différents plans (social, environnemental, économique, etc.). Sur le plan social, les impacts peuvent varier de pays à pays.

Car le changement climatique est vécu de manière très différente selon les régions et les catégories sociales concernées, la vulnérabilité à l’égard de l’environnement étant le résultat des facteurs socio-économiques et géographiques spécifiques qui façonnent chaque société.

En l’absence d’anticipation, les populations exposées à un niveau de la mer élevé qui submerge les côtes habitées sont obligées de migrer pour échapper à leur position vulnérable. Le phénomène des migrations climatiques est susceptible de causer des conflits dans les régions déjà sensibles de la planète. Ainsi, au Bangladesh, des conflits externes ont explosé à cause de la migration élevée vers l'Inde qui aggrave la concurrence pour l’accaparement de ressources déjà rares. Cette concurrence entraine le déclenchement de tensions ethniques à la frontière et à l’intérieur des terres.

Des actions sont d’ores et déjà mises en place 

Dans le monde, de nombreuses régions littorales ont commencé à consolider ou rehausser leurs digues, à redimensionner leurs systèmes d'écluses ou de protection.

C’est ainsi que certains pays, pourtant très exposés à l’élévation de la mer, parviennent à développer des programmes et infrastructures de défense efficace face à la menace des eaux Dans le monde, de nombreuses régions littorales ont commencé à consolider ou rehausser leurs digues, à redimensionner leurs systèmes d'écluses ou de protection.


Ce n'est pas la hauteur moyenne, mais les maxima qu'il faut prendre en compte, ce qui nécessite d'intégrer les combinaisons possibles de facteurs d'exacerbation que sont les tempêtes, les dépressions et les crues, voire le risque de tsunami. Par exemple les Pays Bas et la Flandre Belge.

C’est ainsi que certains pays, pourtant très exposés à l’élévation de la mer, parviennent à développer des programmes et infrastructures de défense efficace face à la menace des eaux Dans le monde, de nombreuses régions littorales ont commencé à consolider ou rehausser leurs digues, à redimensionner leurs systèmes d'écluses ou de protection.

D - Les pollutions de l’air, des sols et de l’eau

Elles sont de deux sortes, organiques ou chimiques et affectent directement la faune et la flore ainsi que la population humaine ou indirectement par stockage de polluants dans les réservoirs naturels que sont les sols et l’eau.

Un sol est dit pollué quand il contient un ou plusieurs polluant(s) ou contaminant(s) susceptibles de causer des altérations biologiques, physiques et chimiques. Autrement dit, la pollution du sol est comprise comme altération du biotope constitué par le sol par l'introduction de substances toxiques, éventuellement radioactives ou d'organismes pathogènes entraînant une perturbation plus ou moins importante de l'écosystème. Selon le polluant et le contexte, ses impacts seront directs ou indirects, immédiats ou différés.

D.1 Pollutions organiques

Agriculteurs, particuliers et industriels rejettent des matières organiques (excréments, ordures ménagères animales ou végétales pour les particuliers ; déjections animales pour les exploitations agricoles ; déchets végétaux ou animaux pour les industries comme la papeterie, la tannerie ou les industries agroalimentaires). Or ces déchets, notamment les excréments, contiennent des microbes : bactéries, virus… : cette pollution peut donc entraîner des maladies (pollution microbiologique).
 

D.2 Pollutions chimiques

  • L’agriculture (culture et élevage) est une cause majeure de pollution des eaux souterraines, et importante pour les eaux de surface. Les engrais (nitrates, phosphates, mais aussi parfois cadmium) et pesticides utilisés pénètrent dans le sol, puis dans l’eau. Les médicaments et compléments alimentaires (par exemple, zinc) donnés aux animaux d’élevage pourraient également être source de pollution.
  • Les particuliers, commerçants et artisans (eaux usées gérées par les villes) sont également à l’origine de pollutions des eaux. Les produits chimiques utilisés (produits de nettoyage, pesticides, peinture…) sont le plus souvent rejetés dans les canalisations (selon l’organisation des égouts dans la ville, ils sont alors soit directement rejetés dans le milieu naturel, soit envoyés en station de traitement des eaux usées). Les résidus de médicaments (absorbés puis rejetés dans les eaux usées) constituent également une source de pollution, et des études pour améliorer les connaissances sur leur impact sur le milieu naturel sont en cours : par exemple, déterminer si certains produits (hormones contenues notamment dans les pilules contraceptives…) peuvent perturber le fonctionnement du système hormonal des animaux et contribuer à la féminisation des poissons. D’autres risques, moins connus, pourraient exister.
  • Les activités industrielles, autre source de pollution, rejettent des métaux, des hydrocarbures, des acides, et peuvent provoquer le réchauffement des eaux. La pollution des eaux par les activités industrielles a fortement baissé dans la deuxième moitié du XXème siècle, notamment avec la mise en place des stations de traitement des eaux usées en aval des industries dans les années 1970 dans les pays industrialisés.

 

Pour lutter contre ces différentes pollutions, les pouvoirs publics ont mis en place dans certains pays différents plans d’action ciblés, qui visent notamment à améliorer les connaissances sur les impacts de certains polluants (médicaments, micro-polluants) sur le milieu naturel.

2 - Réflexion

On peut imaginer que l’espèce homo sapiens, vieille de près de 300 000 ans laissera sa place à une autre espèce du genre « humain » qui pour sa part compte 2 800 000 ans au compteur. Et alors, « après nous le déluge ! », pourrions-nous dire !

Mais nous sommes ici et maintenant, homo sapiens face à une situation qui met en péril son environnement futur et immédiat. En effet, si une grande partie des décisions géopolitiques sont réfléchies à un niveau qui nous dépasse, d’autres relèvent de notre zone d’influence directe, de notre implication dans les réflexions au niveau local, départemental, national. Il s’agit là de tout ce qui touche à la protection, voire réparation de l’environnement, tout ce qui touche au traitement des populations migrantes.

Pourquoi aborder cette question en loge, dans la mesure où pour l’essentiel tant de paramètres semblent hors de notre portée ? Je le répète, l’objectif de cette planche n’est pas de penser ce qui peut être fait au niveau géopolitique pour influer sur le climat et la pollution de la planète. Il est d’examiner ce que nous, MM :. d’aujourd’hui, pouvons faire et dire à notre niveau, dans nos villes et nos villages, nos associations, notre entourage et aussi dans l’isoloir.

Pour aborder cette partie de la réflexion, je me suis calée sur une démarche réflexive maçonnique.

Postulat de départ, travailler au bien de l’humanité, sous les auspices de la liberté, l’égalité et la fraternité : cela exclut d’emblée toutes les velléités d’exclusion, de maltraitance des immigrés, de chasse aux migrants. Et déjà à ce stade, je ne suis pas très à l’aise par rapport à ce qui se pratique vis-à-vis de ces populations : rétention des migrants vers l’Europe déléguée à la Turquie, construction de murs, prises de positions nationales (Hongrie, Autriche…) ou locales (déclarations des politiques locaux).

Deuxième postulat, rester calée sur les valeurs de la FM, ce qui amène se dispenser d’un bench-marking avec ceux qui sont pudiquement nommés « nos voisins ». Non, je n’irai pas nous « bench-marker » avec la Grande Bretagne du Brexit ni avec l’Allemagne de la BundesBank. Couchés au pied du Veau d’Or, laissons-les ramper sous sa loi, nous qui avons décidé de laisser nos métaux à la porte du Temple.

Troisième postulat : vérifier voire corriger grâce à l’équerre la qualité des pierres à employer dans la construction, à ce titre se défier des prétendues citations et formules toutes faites et qui ramènent la pensée au niveau zéro. On pourra citer à ce niveau le célèbre « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » dont on oublie souvent la suite : « mais elle doit en prendre sa part ». Donc, se méfier des sentences de tout poil.

Toujours dans cette catégorie, se méfier des désignations « pays riches, pays pauvres, pays émergents » etc. Qui est riche, qui est puissant ? Le pays où se situent les ressources, celui qui en est le propriétaire sur le papier ? celui qui les exploite ? celui qui possède l’appareil de production qui les utilise ? celui qui détient le savoir ? celui qui possède le savoir-faire ? celui qui peut puiser dans un inépuisable réservoir de vies humaines pour les exploiter, les vendre, les envoyer au front ?

Quatrième postulat : être logique et honnête dans son raisonnement. Il ne s’agit pas de défendre une position mais de chercher des solutions.

Aujourd’hui, nous commençons à prendre conscience qu’il y a une étroite intrication entre les riches et les pauvres, les puissants et les dominés. Voici l’humanité si elle veut se sauver, confrontée probablement pour la première fois à un problème global et complexe qu’elle a déjà commencé à traiter.

En 1723, si on avait simplement évoqué ce que serait le monde, sa démographie et ses techniques en 1950, nul n’aurait pu imaginer cela possible, les connaissances et la technologie ne permettaient pas de penser l’industrialisation, les changements de la production agricole, l’organisation de ce monde à venir.

Quant à imaginer 2016…

Aurait-on pu imaginer l’interdépendance des hommes née de la mondialisation de la communication, des marchés et de la production ?

Indépendance ?

Quelle est notre indépendance alors que les équipements électroniques, y compris les ordinateurs de l’armée française, sont fabriqués en Chine ou en Inde, quand une majeure partie de nos médicaments sont produits dans les pays émergents, quand nos vaches mangent du tourteau de soja provenant d’Amérique du Nord et quand nous fournissons avec jubilation des technologies et des armes à des pays qui pourraient bien les utiliser contre nous, telle la Russie ou les Emirats du Golfe par exemple ?

Quelle est notre indépendance quand la fausse paix sociale des banlieues tient en grande partie sur le commerce des opiacés produits en Amérique Latine ou en Asie ?

Quelle est notre indépendance quand les possédants, personnes physiques, morales ou états achètent au meilleur prix possible sur le marché mondial les objets et ressources volés par des bandits de tous poils, notamment Daesh qui finance ainsi son entreprise de sauvagerie à grande échelle ?

Perspectives

La force et la barbarie, les murs et la relégation permettraient sans doute une prise de pouvoir, mais un pouvoir sur quel monde ? Sur une planète revenue au moyen-âge ?

Nous nous trouvons dans une situation aujourd‘hui, où nous ne pouvons imaginer que des pistes de solutions à terme et nous nous retrouvons avec notre présent à gérer, mais dans quelle perspective ?

Nous avons, en Europe en général et en France en particulier, pris des dispositions pour freiner l’emballement de la machine climatique. Nous nous efforçons également de maîtriser les pollutions des sols et des eaux. La France est l’un des pays qui tentent dans le concert des nations de faire entendre cette voix de la raison.

Mais qu’en est-il des déplacements de populations ?

Les guerres actuelles sont largement issues de la pauvreté, de la raréfaction de l’accès à l’eau et de l’empoisonnement de l’environnement, de l’avancée des déserts. Les réfugiés de ces guerres, qui frappent à nos portes, sont là et nous interpellent.

Nous ne pouvons, ni économiquement ni humainement, fermer hermétiquement les frontières et laisser les vagues de la misère lécher des remparts ainsi érigés, qui, en tout état de cause, ne tiendront pas ad aeternam. Confierons-nous encore longtemps le sort des populations victimes aux dictateurs obscurantistes, au motif que ceux-ci sont leurs plus proches voisins ?

Nous ne pouvons, ni économiquement ni pour l’équilibre de nos sociétés, laisser le flux des réfugiés se répandre sans limite et sans organisation sur notre continent. Si nous les mal-traitons, nous nous maltraitons, car nous sommes des parties d’un même corps social.  Et ce d’autant plus que nous aurons bientôt à faire face aux migrations intérieures au continent européen, voire au bassin méditerranéen.

Une des pistes que je vois est un investissement massif des pays et des personnes physiques et morales riches dans les pays exposés, afin que les populations puissent continuer d’y vivre et, alimentées et instruites, participer à la recherche de solutions.

De même, une partie des populations migrant actuellement pourraient « retourner au pays », à la condition que celui-ci redevienne vivable. Et la première condition est l’investissement dans ces régions d’origine que quittent les hommes aujourd’hui. Ce qui est mis en oeuvre dans les pays riches pour pallier l’augmentation du niveau des eaux ou pour dépolluer la terre et les eaux peut être dupliqué et adapté aux régions pauvres menacées.

C’est une forme de partage des richesses dont nous profitons et à la création desquelles l’ensemble du monde contribue largement, et là c’est dit gentiment.

C’est notamment l’objectif de la fondation « Energies pour l’Afrique » soutenu par JL Borloo. Et là, nous pouvons agir en soutenant et en votant.

Une autre piste à suivre est la multiplication des formes d’autosuffisance en matière agricole, voire énergétique. Des groupes, petits comme « volem rien foutre al païs » ou grands (comme la ville de Détroit aux USA) cherchent et souvent trouvent des modes de production différents des modèles de production de masse qui appauvrissent le milieu. Et là encore, nous pouvons réfléchir et encourager ces expériences, voire y participer ou même les initier.

Nous pouvons également entraîner dans ces modes de production une partie des populations migrantes, issues du monde rural, qui pourraient faire leur nid dans nos prétendus « déserts ruraux », au lieu de les parquer dans des camps, des foyers provisoires, voire de logements sociaux sans accompagnement à leur nouveau milieu.

Dans les conditions actuelles, ils perdent leur dignité d’hommes, ne pouvant gagner la vie de leur famille par un travail à la mesure de leurs compétences et de leurs besoins. Nous pouvons peser sur la validation des diplômes et des acquis de leur pays d’origine, afin de les intégrer dans notre société.

Nous pouvons, en nous appuyant sur des travailleurs sociaux (qui sont déjà formés et pointent au Pôle Emploi), accompagner ceux qui désirent et peuvent rester parmi nous à notre mode de vie et aux valeurs de notre République.

Ceci sous-entendrait l’abandon du culte le plus répandu dans le monde : le Veau d’Or est un dieu exigeant, dont les servants ont réussi à faire admettre au plus grand nombre que l’appât du lucre est consubstantiel à l’homme. Son influence est transversale et ne connaît ni frontière ni clivage de classe.

Il s’agirait alors d’un pari formidable, d’abandonner le culte du veau d’or pour celui d’une humanité vivante, créatrice, et, pourquoi pas, respectueuse. Adopter cet objectif, c’est accepter d’être minoritaire, d’être traité d’irréaliste, de semer sa pensée dans ce que l’on peut vivre comme un désert. Comme dans un désert, il suffira que quelques graines germent pour que la pensée se développe et essaime à son tour.

Car, voyez-vous ce soir je fais mienne cette pensée : « c’est au moment exact où elle voyait son monde disparaître que la chenille est devenue papillon ».

 

 

 

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